30% des filles contre seulement 10% des garçons : les chiffres, bruts, tombent sans fard dès l’enfance. L’hyperlaxité, ce phénomène qui fait des articulations des gymnastes involontaires, n’épargne personne mais choisit clairement son camp. Et cette avance féminine ne s’efface pas avec l’âge : hormones et souplesse ligamentaire poursuivent leur alliance, dessinant des silhouettes plus flexibles. Pourtant, sur les podiums sportifs, certains athlètes masculins bousculent les statistiques et repoussent les limites du possible.Mais ce n’est pas sans contrepartie. Les excès de mobilité ne font pas de distinction : femmes et hommes partagent le même terrain miné des blessures. Pour progresser sans casse, chaque détail compte : entraînement adapté, prévention ciblée, prise en compte des différences physiologiques. La souplesse, oui, mais pas à n’importe quel prix.
La souplesse, un atout pour tous : pourquoi tant de différences ?
S’étirer, ce n’est pas seulement toucher le sol ou s’amuser à faire le grand écart. La souplesse engage bien plus : l’élasticité des tissus, la mobilité articulaire, la coordination, la gestion du corps dans l’espace. Quand on compare hommes et femmes, l’écart ne relève pas du hasard : il s’ancre dans la biologie, la structure musculaire, la longueur des os, la densité des ligaments, le jeu subtil des hormones.
Les femmes affichent souvent une aisance remarquable lors des tests de souplesse statique, mais dès que la force ou la rapidité s’invitent, la différence se réduit. Voici les principaux types d’étirements à connaître pour comprendre cette diversité :
- Étirement passif : rester dans une position sans activer les muscles
- Étirement actif : solliciter les muscles antagonistes pour élargir l’amplitude
- Souplesse dynamique : articuler le mouvement tout en gardant le contrôle
Pourquoi ce contraste ? Les femmes bénéficient d’une élasticité accrue grâce à des tendons plus souples et une composition musculaire différente, ce qui leur confère un avantage dans les étirements tenus. Les hommes, eux, s’illustrent par leur puissance et leur explosivité, particulièrement lors d’exercices dynamiques où la force musculaire joue un rôle-clé.
L’entraînement redistribue les cartes. Prenons l’exemple d’un gymnaste de haut niveau : avec des années de pratique, il rivalise sans complexe avec les plus souples des danseuses. Des séances régulières, des routines variées, un suivi précis semaine après semaine : voilà comment chacun, quel que soit son profil, peut progresser et élargir sa palette de mouvements.
Femmes et hommes face à la souplesse : ce que dit la science
Les études sont catégoriques : en moyenne, les femmes dominent en souplesse. Les tests d’étirements et de flexibilité articulaire l’attestent. Les explications résident principalement dans :
- la nature et l’élasticité du muscle
- une architecture articulaire propre à chaque sexe
- l’effet des hormones féminines, notamment les œstrogènes, sur la souplesse des tissus
Dès l’adolescence, la différence se voit. Les femmes obtiennent de meilleurs résultats sur des exercices comme le sit and reach ou la flexion avant, mais dès que la force intervient, l’écart se rétrécit : la mobilité active, celle qui permet de contrôler l’amplitude, dépend aussi de la puissance musculaire.
La science nuance pourtant ce constat. Chez les sportifs de haut niveau, la pratique intensive gomme partiellement ces différences. Gymnastique, danse, arts martiaux : chaque discipline façonne des champions et championnes de la souplesse, sans distinction nette entre les sexes dès lors que l’entraînement devient la règle.
Hyperlaxité : quand trop de souplesse devient risqué
La laxité articulaire intrigue, fascine, inquiète parfois. Lorsqu’elle dépasse certaines limites, elle devient hyperlaxité : un corps capable d’exploits parfois spectaculaires, mais exposé à des faiblesses bien réelles. Ce phénomène, plus fréquent chez les femmes, mêle génétique, hormones et morphologie. Les articulations s’étirent bien au-delà de la norme, offrant une amplitude hors pair… au prix d’une stabilité compromise.
Dans la pratique, cette souplesse extrême séduit les milieux de la danse ou de la gymnastique, mais elle s’accompagne souvent de revers : entorses à répétition, douleurs chroniques, cartilages qui s’usent prématurément. Les ligaments, moins toniques, n’assurent plus pleinement leur rôle de stabilisateurs, notamment au niveau du genou, de l’épaule ou de la cheville. Statistiquement, les femmes sont davantage concernées, même si tous les cas d’hyperlaxité ne posent pas problème.
Certains signes parlent d’eux-mêmes : doigts qui se déplient anormalement, coudes ou genoux qui se tendent au-delà de l’axe naturel. Les professionnels de santé recourent au score de Beighton pour mesurer ce degré de mobilité excessive. Cet outil permet de mieux cibler l’entraînement pour éviter les blessures. Au fond, la question n’est pas d’être le ou la plus souple, mais d’apprendre à gérer cette élasticité, de renforcer la stabilité musculaire pour garder la maîtrise d’un corps parfois trop permissif.
Des conseils simples pour gagner en souplesse au quotidien
La souplesse n’est ni innée, ni réservée à une élite : elle s’acquiert, s’entretient, évolue avec le temps et la pratique. Le stretching s’impose comme une méthode universelle, accessible à tous, pour peu qu’on en respecte les règles de base.
Les clés d’un étirement efficace
Voici quelques repères pour que chaque séance d’étirement porte ses fruits :
- Favorisez les étirements actifs : contracter le muscle opposé permet de gagner en mobilité sans relâcher toute la tension.
- Respectez le temps de maintien : une position tenue entre 20 et 30 secondes suffit à obtenir un effet réel sur le muscle.
- Répétition : deux à trois séries par groupe musculaire, plusieurs fois par semaine. La régularité l’emporte sur l’intensité.
- Faites confiance à vos sensations : l’apparition de douleur est à éviter, recherchez simplement la tension, jamais la crispation.
Le choix du moment change la donne : après une séance, lorsque les muscles sont chauds, les étirements statiques sont plus efficaces. À l’inverse, en début d’entraînement, privilégiez les exercices dynamiques pour préparer le corps à l’effort.
Pour progresser, variez les approches. Essayez l’étirement passif en vous aidant d’un partenaire ou de la gravité, mais n’oubliez pas les postures réalisées en autonomie. Accordez une attention particulière à la respiration, car elle accompagne chaque mouvement et aide à relâcher les tensions.
À la croisée des gènes, des habitudes et de l’entraînement, la souplesse compose une partition unique pour chacun. À chaque corps, son amplitude : il ne reste qu’à explorer ce territoire, sans perdre de vue que la vraie prouesse, c’est d’allier liberté de mouvement et solidité à toute épreuve.


