Pétanque aux JO : pourquoi ce sport n’est-il pas olympique ?

Dire que la pétanque n’a pas réussi à se frayer un chemin jusqu’aux Jeux olympiques de Paris 2024, c’est jeter un pavé dans la mare d’un sport qui mobilise, chaque été, des foules de passionnés. Le Comité International Olympique a une fois de plus fermé la porte à la discipline, malgré la mobilisation de la Fédération internationale et le soutien affiché d’élus français. Le même sort est réservé à d’autres sports ancrés dans la tradition hexagonale, comme la pelote basque ou le billard.

Ici, l’argument de la ferveur nationale n’a pas pesé lourd. Pourtant, la pétanque aligne près de 300 000 licenciés sur le territoire, fédère des millions d’amateurs occasionnels, et occupe une place à part dans le paysage sportif français. Mais pour le CIO, l’universalité et l’audience internationale priment, reléguant la pétanque, du moins pour l’instant, hors des projecteurs olympiques.

La pétanque, un symbole populaire en France et bien au-delà

Impossible d’ignorer le poids de la pétanque : en France, le jeu s’impose dans l’espace public, des quartiers urbains aux villages du Sud. Le Vaucluse, par exemple, compte plus de 5 000 licenciés, mais la passion dépasse largement l’Hexagone. Sur tous les continents, la pétanque rassemble, avec une présence dans plus de 130 pays et près de 600 000 licenciés à l’échelle mondiale.

L’attrait du jeu tient à sa simplicité, à la portée de tous : quelques boules, un terrain improvisé ou soigneusement tracé, et ce fameux cochonnet qui focalise l’attention des équipes. La magie opère dans le silence tendu d’un tir décisif, puis laisse place à l’effervescence d’un public conquis. Derrière l’image du loisir dominical, la pétanque s’affirme aussi dans sa version handisport, ouvrant l’accès à une diversité de joueurs.

À Marseille, La Boule bleue, maison dirigée par Hervé Rofritsch, incarne la résistance face à la production industrielle : ici, chaque boule est façonnée dans le respect des traditions. Ce savoir-faire, rare, symbolise l’attachement du sport à l’authenticité.

Les championnats du monde de pétanque témoignent de la vitalité de la discipline. Si la France tient souvent la corde, la Thaïlande, Madagascar ou l’Italie bousculent la hiérarchie, preuve que la pétanque s’est taillée une place sur la scène internationale.

Pourquoi la pétanque reste absente des Jeux olympiques de Paris 2024 ?

Malgré une pratique mondiale et une histoire bien installée, la pétanque n’a pas convaincu le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 (COJO), présidé par Tony Estanguet. Le verdict a laissé un goût amer aux communautés de boulistes, en France comme à l’étranger. Car pendant que le breakdance, le skateboard, l’escalade ou le surf font leur entrée au programme, la pétanque reste à quai.

Le COJO a misé sur l’image et l’attrait de la jeunesse. Les sports sélectionnés incarnent le renouveau, la capacité à séduire un public urbain, à générer du spectacle et à capter les regards sur les réseaux sociaux. Le breakdance, par exemple, s’inscrit dans cet élan : une discipline jeune, dynamique, qui colle à l’air du temps. Face à cela, la pétanque paie son image de jeu convivial, éloignée des standards de la compétition spectaculaire.

D’autres sports populaires connaissent le même sort. Le curling, avec ses 500 licenciés en France, garde sa place d’hiver, illustrant une logique où l’héritage olympique peut l’emporter sur la popularité actuelle. Au sein des fédérations, la frustration est palpable. Malgré son ancrage dans 130 pays, sa version handisport et sa communauté fidèle, la pétanque se heurte à des critères qui dépassent la simple question du mérite sportif.

Entre engouement national et critères olympiques : les obstacles à l’entrée de la pétanque aux JO

La pétanque mène une campagne de longue haleine pour décrocher sa place au panthéon olympique. Depuis 1985, la Fédération mondiale de pétanque multiplie les initiatives. Claude Azéma, qui préside aussi la Confédération mondiale des sports boule, s’investit dans une démarche patiente pour convaincre les instances. Mais un constat s’impose : la discipline peine à faire oublier son image de loisir sympathique, loin du modèle de sport planétaire et spectaculaire mis en avant par le CIO.

Pourtant, les chiffres sont là : 300 000 licenciés en France, 600 000 dans le monde, 130 pays concernés et une version handisport qui gagne en visibilité. Joseph Cantarelli, à la tête de la Fédération française, et des figures régionales comme Laurent Rougier, rappellent l’enracinement du jeu dans le pays. À Marseille, l’atelier de la Boule bleue perpétue la tradition du matériel artisanal, symbole d’un patrimoine vivant.

Le frein n’est pas seulement institutionnel, il tient aussi à la façon dont la pétanque est perçue. Le CIO attend des sports capables de rassembler des foules, d’attirer un public jeune, et d’offrir un spectacle qui s’exporte. Même reconnue comme sport de haut niveau depuis 2003, la pétanque n’a pas encore réussi à briser le plafond de verre du divertissement populaire. La route reste semée d’embûches, dans un univers où chaque discipline se bat pour exister face aux exigences de visibilité et de modernité.

Jeune fille en jeans mesure la distance entre boules de pétanque

Quel horizon pour la pétanque sur la scène internationale ?

La pétanque continue d’élargir son terrain de jeu, portée par la Fédération mondiale de pétanque qui la défend depuis 1985. Plus de 600 000 licenciés dans 130 pays : la discipline a su s’exporter, séduisant au-delà de son berceau provençal. La version handisport confirme la capacité du jeu à s’adapter et à s’ouvrir à de nouveaux publics.

Pour espérer franchir le pas olympique, la pétanque doit actionner plusieurs leviers. Voici les pistes actuellement privilégiées :

  • renforcer sa présence médiatique sur des territoires en développement,
  • tisser davantage de liens avec des ligues locales,
  • poursuivre un travail de lobbying auprès du CIO pour défendre sa candidature.

Les équipes de la Fédération internationale de pétanque et de jeu provençal multiplient les démonstrations lors des grands rendez-vous, tandis que la Confédération mondiale des sports boule continue de porter le dossier à l’international.

Los Angeles 2028 se profile à l’horizon. Les fédérations misent sur la popularité croissante du jeu en Asie et en Amérique, où de jeunes adeptes s’approprient la discipline. Damien Stoffel, membre du CLAP Paris, souligne l’urgence de moderniser l’image de la pétanque sans renier son identité. Le jeu avance, fort de son enracinement populaire et de son universalité. Le parcours reste incertain, mais la dynamique est enclenchée. La pétanque n’a pas dit son dernier mot : qui sait où rouleront les boules lors des prochains Jeux ?

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